L'inflation ralentira plus vite qu'attendu en Europe
L’élément majeur en Europe est le repli du prix de l’énergie. Cause majeure de la hausse de l’inflation en Europe, l’allure baissière du gaz, du pétrole et de l’électricité va changer la donne.(voir ici)
Les chefs d’entreprise ne s’y trompent pas. En mai, les enquêtes IFO en Allemagne et Climat des affaires de l’Insee en France suggèrent une vive réduction de la variation de prix de ventes attendue par les entreprises. Dans les deux pays, ces anticipations, très bien corrélées avec le taux d’inflation, tendent vers 2% à l’horizon du début de l’automne.(voir ici)
Le repli du prix des matières premières et du prix de l’énergie redonne des marges aux entreprises réduisant aussi l’incertitude associée à la volatilité des prix qu’engendre une inflation élevée.
Les entreprises vont pouvoir, à l’automne prochain, négocier de nouveaux contrats d’énergie à des prix beaucoup plus bas. L’absence de tensions sur le prix de l’énergie, la progression rapide de l’énergie renouvelable dans la production d’électricité (19.5% en avril 2023), les nouvelles rassurantes en provenance d’EDF sur sa capacité à fournir de l’électricité et des réserves de gaz abondantes devraient permettre de passer l’hiver prochain de façon plus sereine.
Les hypothèses de prix pour 2024 seront beaucoup plus basses que celles qui avaient été faites pour 2023.
Les entreprises vont disposer de marges plus importantes. Cela leur permettra d’accepter des salaires plus élevés sans avoir à ajuster leurs prix à la hausse. En outre le ralentissement de l’inflation actuelle va se traduire par des effets de rattrapage sur les salaires, plus modestes, dans les mois qui viennent par rapport à ce qui a été observé récemment. En effet les salaires s’ajustent à la variation passée des prix or l’inflation est en train de ralentir. En conséquence, le point haut de la hausse des salaires est proche, peut être passée.
Le ralentissement de l’inflation pourrait ainsi être plus rapide qu’attendu redonnant du pouvoir d’achat aux ménages et aux entreprises. Le marché du travail pourrait alors rester robuste et maintenir la dynamique de la demande.
Tout cela pourrait avoir un petit air de contrechoc énergétique ressemblant à celui du milieu des années 1980.
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Philippe Waechter est chef économiste d’Ostrum AM