La question climatique n’est plus à la mode.... hélas
Si vous vouliez une illustration d’un monde non coopératif, regardez ce qui se passe autour du climat. Les règles changent pour qu’elles ne soient plus contraignantes au risque de rendre la dynamique mondiale non soutenable.
Le climat est un bien public mondial qui nécessite une approche collective et coordonnée. C’était le cas en 2015 lors de la signature de l’accord de Paris. Tous les pays bénéficiaient de la croissance mondiale, les taux d’inflation étaient bas et peu volatils et les banques centrales ajustaient les politiques monétaires pour qu’elles ne pénalisent pas la croissance.
Et puis les tensions internationales sont apparues. Technologiques, géopolitiques ou encore énergétiques, les changements de cap ont été très significatifs et le monde est apparu plus compliqué.
Dans un monde coopératif et coordonné, la concurrence est un instrument efficace pour réguler l’ensemble des marchés. Cependant, lorsque les chocs sont brutaux, locaux, technologiques ou géopolitiques, la concurrence n’a plus la même capacité à réguler.
Pour faciliter l’activité il devient alors nécessaire de s’arranger avec les règles, avec celles qui avaient permis la globalisation. Les règles étaient celles qui encourageaient la transition énergétique et la convergence vers la neutralité carbone. Elles favorisaient ainsi les énergies renouvelables, la décarbonation de l’économie et des processus de production. Pour compléter le tableau, des règles sur l’analyse de la durabilité (ESG) des processus de production étaient à l’étude depuis un moment en Europe. Elles devaient permettre de tracer l’origine des productions et l’analyse de la durabilité (ESG) des processus de production analyse CSRD).
Lorsque les tensions géopolitiques se font plus fortes, quand chacun a le sentiment que jouer avec ses propres règles plutôt que les règles collectives est plus efficace, la meilleure façon de le faire est de détricoter le cadre qui permettait à l’économie globale de se caler sur une trajectoire soutenable. Les américains vont forer, forer et forer. Les français, eux, souhaitent changer les règles sur l’inscription de la production dans un processus durable. C’est la proposition française de report du reporting sur la durabilité.
Cette mesure du chacun pour soi donne le sentiment de gagner à court terme mais elle n’a comme dimension que la courte vue et l’illusion
Philippe Waechter est chef économiste d’Ostrum AM à Paris