Entre deux risques, les banques centrales choisissent l'inflation
Les banques centrales ont arbitré entre deux risques que sont l'inflation et la contagion de la crise bancaire US.
La BCE, la Federal Reserve et la Banque d'Angleterre ont toutes mis l'accent sur le risque d'inflation plutôt que sur la possibilité d'une extension de la crise bancaire US.
La BCE a remonté ses taux d'intervention de 50 points de base à 3.5% pour le refi, la Fed de 25 points de base avec une fourchette de taux des fed funds de 4.75 à 5% et la Banque d'Angleterre de 25 points de base à 4.25%.
Certes les taux d'inflation refluent mais c'est en raison de la baisse relative du prix de l'énergie par rapport à l'an dernier. En mars, le prix du baril en dollars sera presque 30% moins cher qu'en mars 2022. Cela se traduira par une contribution de l'énergie qui tendra à être négative au printemps. En zone Euro, le prix du gaz est aussi en repli par rapport à l'an dernier. Le prix moyen de mars 2023, jusqu'au 22, est 66% moins élevé qu'en mars 2022.
Pour les banques centrales, la problématique est la hausse continue de l'inflation sous jacente en Zone Euro et en Grande Bretagne et sa stagnation à haut niveau aux US. Or c'est cet indicateur qui est conditionné par la politique monétaire. C'est cet indicateur qui aujourd'hui dérive et que les banques centrales maitrisent mal.
Il y a un risque de voir la hausse des prix s'inscrire dans la durée, tirée par cette inflation sous jacente
Dans l'arbitrage des incertitudes, celle associée à l'inflation, via notamment la propagation du choc énergétique, en Europe, et la hausse des salaires, est apparue plus importante que celle reflétant le risque de contagion de la crise bancaire. Une possible dérive de l'inflation aurait eu une incidence forte sur l'allure des taux d'intérêt de long terme.
La Federal Reserve a mis des moyens considérables pour étouffer le risque de propagation du choc bancaire en apportant très vite des montants importants de liquidités. Chaque banque centrale surveille ce qui se passe dans le secteur bancaire mais l'inflation est associée, aujourd'hui, à une persistance plus forte. Il ne fallait pas suggérer que l'inflation devenait un risque secondaire, sous peine de perdre en crédibilité.
Les faillites observées aux US traduisent un accès trop limité à la liquidité. Cela ressemble à la faillite de Northern Rock en Grande Bretagne en Septembre 2007. Sa nationalisation avait stoppé net le risque de contagion. La Fed fait un pari similaire en intervenant massivement. Après cet épisode périlleux et douloureux, mais a priori temporaire, l'inflation sera toujours là. C'est pour cela qu'il était important d'y faire face dans cette période trouble.